Le subjonctif et « ne » explétif

On appelle « ne explétif » le mot « ne » que l'on place après certains verbes ou certaines expressions, en particulier dans la langue soutenue.

Il n'est pas obligatoire, et n'a pas de sens négatif.


1°) On l'utilise en particulier après les verbes, à la forme affirmative,  exprimant une crainte :

  • Je crains que tu ne sois en retard.  (= je pense que tu vas être en retard)
  •  J'ai peur qu'il ne soit fâché.  (= je pense qu'il est fâché)


Si ce verbe est à la forme négative, on n'utilise pas de ne explétif :

  • Je ne crains pas que tu sois fâché.  (= tu vas peut-être être fâché, mais ça ne me fait pas peur !) 
  •  Je n'ai pas peur qu'il lise mon compte-rendu !

Attention :


Dans la phrase :

  • J'ai peur qu'il ne comprenne pas.

  Le verbe « comprendre » est à la forme négative ; il ne s'agit pas d'un ne explétif.
 

2°) On utilise le « ne explétif » également après  les locutions « de peur que », « de crainte que » :
 

  • Je répète mon adresse, de peur que vous n'ayez mal noté.
  • Je recompte ma monnaie, de crainte que le commerçant ne se soit trompé.


Notez la différence :

  • Je renouvelle mon invitation, de peur que vous n'hésitiez à venir.
      = parce que je pense que vous hésitez à venir.


  •  Je renouvelle mon invitation, de peur que vous n'ayez pas entendu.
      = parce que je pense que vous n'avez pas entendu.

3°) Enfin, on utilise le ne explétif après les locutions  « avant que », « à moins que », « sans que » :

  •  Je rectifie l'adresse avant que tu n'envoies l'invitation. 
  •  Le directeur n'a pas relu l'invitation avant que tu ne l'envoies ?
  • Nous allons terminer ici cette réunion, à moins que vous n'ayez des questions.

Avec « sans que », le ne explétif n'est utilisé que si la proposition principale est négative.
 

  • Je ne veux pas conclure ce dossier sans que le directeur n'ait lu mon rapport.
  • Je veux travailler tranquillement sans que tu me donnes ton avis sans cesse !